Pour la 5e année consécutive, je reçois et transmets ce vœu des centaines de fois. Originaire du Burkina, où je considérais le système éducatif français comme un modèle, j'observe aujourd'hui de l’intérieur, les défis qu'il peut relever.
Lors des groupes de réflexion, je demande aux élèves s'ils aiment l'école. La majorité répond « non », sauf en 6e et en classe ULIS où l'école est un lieu pour retrouver les amis.
Les plaintes les plus intéressantes pour moi concernent le stress que donnent les notes. Lorsque j’entends cela, je repense au fouet de mon maître. A Barsalogho en effet (mon village qui a fait l’actualité récemment), le maître nous frappait avec une courroie de mobylette. Il nous serrait la tête entre les jambes pour fouetter à l’envi nos fesses. Quand on rentrait à la maison, il fallait cacher qu'on a été frappé, sinon on était encore frappé, parce que si le maître nous a frappés, c'est qu'il y avait une bonne raison. Pour fuir les coups, certains de nous ont disparu sans que la famille ne sache où ils sont partis ; à 6 ou 8 ans!
Dans les années 2000, le gouvernement a décrété la fin des châtiments corporels. Mes oncles sont allés demander aux enseignants de continuer à frapper leurs enfants pour être sûrs qu'ils étudient bien.
Sans ces coups, j’aurais été un mauvais élève peut-être. Mais je suis sûr que j'aurais passé des nuits sans cauchemars où je me réveillais, terrifié par la noire courroie dentée.
En France, l’avenir de la nation repose pourtant sur ces nombreux élèves qui disent ne pas aimer. J’ai remarqué que les plus touchés par le phénomène de phobie scolaire sont parfois les plus brillants ! En groupe de réflexion, je ne me lasse pas de les écouter, tant ils sont mûrs.
Alors, faut-il une école sans notes à cause d'une phobie scolaire par-ci et d'un mal-être par-là ?
Bonne ou mauvaise est la question, et utopique toute réponse immédiate...
Dans mon école, nous avons proposé aux adultes et aux élèves, une demi-journée de réflexion sur l'école de demain. L'objectif, c'est qu'ensemble, ils parlent de leurs rêves communs dans un cadre détendu. Car il n’y a pas que les élèves qui souffrent d’un système éducatif inadapté.
A partir de cette réflexion, nous mettrons en place une commission qui étudiera les propositions. Peut-être, cela servira à quelque chose... ou pas.
Ce qui est sûr, nous avons toutes et tous besoin que les profs et les élèves aiment l'école, parce qu'elle correspond à leur volonté de découvrir le monde et d'y trouver leur place aujourd’hui et demain.
Bonne rentrée à toutes et tous !